dimanche 17 avril 2011

Ridicule.

Chez les hommes.

Scène 1

PHILIPPE. Au fond c'est vrai, pourquoi on dit tomber amoureux ? Tomber c'est un mot tellement agressif, ça offre si peu d'espoir. A peine on prononce ces deux mots que l'histoire est déjà terminée. C'est d'une tristesse... On devrait plutôt dire monter amoureux, là ça prendrait tout sons sens.

ANDRE. Ah oui, il est deux heures, l'heure de la poésie. (à d'autres) Il reste encore du whisky ?

SERGE. Non, on ne devrait rien dire. Aimer... aimer c'est ridicule. Aimer c'est sans espoir. Les gens disent tomber amoureux parce qu'ils ne peuvent faire que ça. C'est ça la fin. Les gens disent tomber amoureux parce qu'ils tombent, ils se cassent la gueule sur un truc invisible et trop fort pour eux, même pas palpable. Ils se cassent, ils se fissurent un peu plus à chaque histoire.

ANDRE. Non, plus de whisky ?

SERGE. Ils ne s'en remettent jamais vraiment... mais ils recommencent quand même.

PHILIPPE. Pourquoi ?

SERGE. Parce qu'aimer c'est ridicule. (un temps) Une fois. Je suis tombé amoureux une fois. Je croyais que c'était la bonne, j'étais plein d'espoirs justement. J'étais sûr qu'il n'y avait rien de triste dans le fait d'aimer, que c'était la meilleure chose au monde. Et puis...

PHILIPPE. Qu'est-ce qui s'est passé ?

SERGE. Elle est partie, tombée dans le coeur d'un autre que moi.

* * *

Chez les femmes.

Scène 1

Solange est debout au milieu de la scène.

SOLANGE. Nous devrions tous avoir une boîte dans le corps pour évacuer nos sentiments. Le manque surtout. Car le simple fait que les sentiments soient comprimés dans cette grande boîte qu'est le corps, sans qu'ils puissent en sortir - parce que l'autre n'est plus là -, est insupportable.

Noir.


Scène 2

Suzanne est dans son appartement. Sonne Jacqueline.

JACQUELINE. Bon ça ne va pas toutes ces histoires.

SUZANNE. Installe-toi. Qu'est-ce qui se passe ?

Jacqueline n'assoit sur le canapé.

JACQUELINE. J'ai l'impression d'avoir 15 ans, c'est complètement stupide. J'ai l'impression de succomber à n'importe quel sourire...

SUZANNE. Et ce n'est pas une bonne chose ?

JACQUELINE. Evidemment que non ! Imagine-moi dans la rue, en train de faire les boutiques, et là... paf j'en croise un.

SUZANNE. Un ? De ?

JACQUELINE. De sourire.

SUZANNE. Le sourire de qui ?

JACQUELINE. Le sourire d'un homme voyons ! Bref, je marche dans la rue et ce sourire m'arrête. Littéralement, il m'arrête. J'étais devant la vitrine d'un bijoutier, et son sourire était plus étincelant que n'importe lequel des bijoux.

SUZANNE. Et qu'est-ce que tu as fait ?

JACQUELINE. J'ai baissé la tête. Le sourire était accompagné d'une dame, je n'ai pas voulu m'imposer. Bref, je continue mon shopping et m'arrête dans un café. Un homme m'aborde, je ne sais pas pourquoi, et m'offre une part de tarte. Une part de tarte ! C'est pas ridicule ça ?

SUZANNE. En effet.

JACQUELINE. Je l'ai mangé.

SUZANNE. Tu l'as mangé ?

JACQUELINE. Qu'est-ce que je pouvais faire d'autre ? Son sourire aurait pu me faire avaler n'importe quoi.

SUZANNE. Elle était à quoi ? La tarte je veux dire.

JACQUELINE. Qu'est-ce que ça peut faire ?

SUZANNE. Pour savoir.

JACQUELINE. Rhubarbe. (un temps) J'ai l'impression d'avoir 15 ans, je m'épuise à réapprendre des choses de l'amour et du rêve que j'ai dû oublier un jour. C'est ridicule.

Jacqueline soupire.

2 commentaires:

Emilie a dit…

Ca fait partie de ce sur quoi tu bosses en ce moment ? J'aime beaucoup. Surtout la première partie. :-)

Julia R. a dit…

Merci Emilie ;)

Nop c'est un petit truc que j'ai écris comme ça, sans raison. J'écris souvent des petits bout de dialogue sans vraiment savoir où ça mène.

Quand mon court métrage sera fini et que le jury de mon école sera passé, je mettrais le lien vers le film sur mon blog ;)