SOFIA. This is my heart. It's yours, I'm not protecting it anymore.
L'amour a traversé toute l'histoire du cinéma. Du cinéma muet au cinéma contemporain, en passant par le cinéma japonais, par la Nouvelle Vague ou encore le néo-réalisme italien. Ce n'est pas culturel, car la culture suit des règles et, jusqu'à preuve du contraire, il n'y a pas de règles à suivre quand on vit une histoire d'amour. C'est un thème universel, intemporel.
L'amour est une constante à laquelle on s'accroche, parce que c'est bien connu : l'amour est la plus belle chose au monde, qui puisse être représentée. Et nous sommes entourés d'histoires d'amour ; celles dont les autres nous parlent, celles que nous lisons, celles que nous regardons, celles que nous vivons. La vie est un prétexte pour que nous puissions expérimenter ces histoires. Qu'elles durent deux mois, un an, dix ans... peu importe pourvu qu'on ai aimé et qu'on se soit senti aimé.
Au cinéma ce n'est pas difficile de montrer des corps tendus, des corps aimants, la carnation délicate, une étincelle dans le regard... Au cinéma généralement on montre la découverte des sentiments, le début ou bien la fin d'une histoire d'amour, le triste déchirement du coeur... Mais on ne montre que très peu la poursuite des sentiments : une histoire d'amour qui a commencé il y a plusieurs années et qui continue encore aujourd'hui.
Ce matin j'ai vu For Lovers Only, de Michael Polish, dans une qualité pourrie, avec un écran tout petit, mais rien n'y a fait : je suis complètement tombée sous le charme de ce film.
Je ne sais pas s'ils vont trouver un distributeur en France car certaines scènes ont été tournées en France sans autorisation, et aussi car ce film est d'inspiration Nouvelle Vague et que le jeune public français n'est pas friand de ce genre aujourd'hui.
Pourtant, il est magnifique... En noir et blanc les images sont sublimes, la lumière parfaite, le jeux des acteurs juste, le scénario simple et touchant... Ce film c'est de l'amour à l'état pur, on ne peut pas faire autrement que d'en prendre plein la figure et d'être embarqué dans cette histoire que vivent ces deux personnages Yves et Sofia.
Michael Polish traite un sujet qui n'est pas facile : comment on est quand on aime. Il met dans son film une intensité que je n'avais encore jamais vu au cinéma.
Il y a quelque chose dans les voix américaines, quelque chose de vrai et de juste - je ne saurai pas dire pourquoi. Une voix française qui parle d'amour c'est comme si elle parlait de yaourt : ça n'a pas de substance, c'est plat. Ou alors il faut que ce soit Romain Duris dans Les poupées russes (Cédric Klapisch) ou bien la voix de Fanny Ardant... Aujourd'hui en France on ne sait pas parler d'amour, et je ne suis pas sûre qu'on sache même le vivre.
Après avoir vu ce film je me suis demandée ce qui m'avait plu réellement, pourquoi il m'avait bouleversé en dehors des raisons que j'ai déjà évoqué. Et finalement c'est peut-être de l'admiration que j'éprouve...
Moi je ne parle pas d'amour parce que je crois qu'aucun amour n'est pareil, même s'ils sont tous indescriptibles. Et peut-être que ce que je trouve d'admirable chez Michael Polish, c'est qu'il a réussi, morceau par morceau à décrire son visage, ses mains, son rire... Comme Jack Kerouac décrivait le bruit de la mer sur les plages de Big Sur, Michael Polish a décrit sa respiration, lente et rassurante, comme une berceuse pour adultes amoureux.
TAXI DRIVER. You know what they say about Paris ? About France ?
SOFIA. For lovers only.
TAXI DRIVER. When people ask you what you're in France for. For Business ? Tourism ? And honestly, between you and me, who comes to Paris for business ? You know what they say about Paris ? About France ?
SOFIA. For lovers only.
YVES. So where are we going ?
SOFIA. To Hell.
YVES. Okay, but before that ?
SOFIA. Can I ask you a question ?
YVES. It depends what it is.
SOFIA. Umm, it's a personal category, exclusively allocated to you.
YVES. Okay.
Pause.
SOFIA. Wasn't my name here, before ? Point to tattoo.
YVES. Yeah, it was.
SOFIA. It was ?
YVES. Mm-hmm. Had to evolve.
SOFIA. So you turned me into a wolf.
YVES. Look, it wasn't ideal with your name on my arm. I had two options at the tattoo parlor. You could've been a frog, or a medieval dragon.
SOFIA. Yeah, I know, but a frog doesn't imply that you thought I was a bitch.
YVES. Really ? Only you could draw that short line to that. Plus, the dragon was huge and the flames were all the way down to my fingertips.
* * *
Article d'Emilie (en anglais) sur ce film : ICI
5 commentaires:
"Une berceuse pour adultes amoureux." Exactement, t'as trouvé la bonne expression. Et elle est super douce, la berceuse, même si elle commence sur un gros choc émotionnel. A presque 2 heures du mat', j'aurais presque envie de me la repasser pour la 3ème fois de la journée... :-) Quand on sait que l'équipe, acteurs inclus, se limitait à 5 ou 6 personnes, la beauté du résultat final est sidérante. L'avant-première à NY, déjà repoussée à juillet, n'a toujours pas été annoncée officiellement. Ca me sidère. Ca me sidère qu'un tel film soit condamné à se faire connaître uniquement par internet. Quel monde impitoyable, quand même...
2 jours après, toujours pas remise. Y'a comme un sentiment bizarre qui me poursuit... Ce matin, j'ai supprimé des gens dans ma liste Facebook. :-/
Pareil, toujours quelque chose qui trotte dans ma tête sans savoir réellement quoi. D'ailleurs c'est bizarre ça, de pas savoir. Je sais que son film pour moi et voué à une réelle admiration, mais au delà il y a quelque chose qui reste...
Moi j'ai fait une vidéo, mais Youtube est un peu capricieux...
En général, j'ai le sentiment que les très bons films me révèlent quelque chose, mais avec FLO c'est différent. Ca relève plus de la perception des gens et de la relation qu'on peut avoir avec eux. Ce matin et ce soir, dans le métro, j'avais l'impression d'être une extra-terrestre et de regarder les autres passagers avec des yeux de merlan fris. Et même toute seule chez moi là, bah je suis un peu ailleurs. C'est très introspectif, comme sentiment. J'ai hâte de voir ta vidéo, en tout cas ! Celles que j'ai vues passer sur Tumblr aujourd'hui n'ont pas (encore)suscité grand chose en moi.
Oui voilà, c'est introspectif, c'est tout à fait ça ! Et aussi, moi j'ai l'impression d'être plus lente, de faire attention à des choses que d'habitude peut-être je ne verrais pas...
Un truc que je voulais te demander sinon : ton adresse mail. Parce que des fois j'ai envie de t'en envoyer et je ne peux pas te contacter autrement que par le forum ou les blogs.
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