J'ai passé une heure au théâtre samedi soir, à me faire laver le coeur et le corps, à rire et à retenir mon souffle, une heure avec un savon dans la bouche aussi gros que le talent de cette jeune femme, Candice Beaudrey, auteure et interprète de cette magnifique pièce.
J'y suis allée un peu à l'aveuglette, vaguement au courant du synopsis - mon attention de poisson rouge n'ayant retenu pratiquement que le visuel de l'affiche, que je trouve magnifiquement grinçante. Le titre m'intriguait aussi, et en parcourant le site Internet dédié au spectacle, je me demandais de plus en plus où elle voulait en venir, avec ce titre. Une chose était sûre pour moi : l'affiche n'allait pas être la seule à être grinçante.
J'ai donc passé mon samedi tranquillement, à parcourir les rues ensoleillées de Paris, à rêvasser devant des feuilles blanches, vides de mots qu'il fallait pourtant que je remplisse, à rêvasser la tête en l'air, heureuse de l'absurdité du mois d'Août - c'est très lyrique ce que je vous écrit, j'en suis tout à fait consciente.
J'ai rejoint deux amis, avec qui j'allais passer la soirée, et nous nous sommes mis en route vers ce petit théâtre (Aktéon Théâtre).
21h25 : on rentre dans la salle. Une toute petite salle avec des bancs en velours rouge. Une toute petite scène, noire. On s'installe, je dis des conneries, et puis je me tais. Et le spectacle commence.
Elle parle, et c'est comme si elle me disait "ta gueule, c'est moi qui parle ; ceci est ma voix, il y en a beaucoup comme elle, mais celle-là c'est la mienne, et je vais te raconter une histoire". Et je m'enfonce dans mon banc en velours rouge pas très confortable. Mes coudes sur l'accoudoir devant, j'esquive une mèche de cheveux et un rire traverse ma gorge.
Des rires, il y en aura pendant une heure, si bien qu'à un moment ma gorge est sèche ; et ses mots aussi ils traversent ma gorge, et un instant j'ai bien cru qu'ils allaient m'étouffer. Et puis ça repart, un rire en entraîne un autre, et l'admiration prend le dessus, et la souffrance aussi.
Les mots les uns à la suite des autres prennent dans sa bouche une allure poétique et profonde, on prend conscience des insultes, on s'attache à ses yeux qui en disent longs aussi, on suit sa respiration qui devient la nôtre. Et on se perd en elle, submergés, impressionnés...
Le spectacle se termine, elle dit "je suis belle" et je me dis qu'elle a raison. Les lumières se rallument, les gens sortent, et mes amis et moi on se regarde en disant : il lui faudrait une scène plus grande pour contenir tous ces mots et toute cette énergie.
Je ne saurais que trop vous conseiller d'aller voir ce spectacle. Si vous voulez passer une heure intelligente, à voir vos entrailles se vider puis se remplir d'un autre monde que le vôtre - parce que souvent, notre monde tourne autour de notre ventre -, allez-y !
Vous aurez du verbe - et quel verbe! -, de la joie, de la tristesse, de l'énergie à en revendre... bref, un bon gros moment de théâtre !!
Site Internet : ICI
Place à 10€ : ICI
Jusqu'au 25 Août les gars, faut pas traîner !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire