Qu'est-ce que tu fais des petits bouts de textes que tu écris comme ça, par sursaut d'inspiration, et qui ne vont pas plus loin que le bout d'une page ? Qu'est-ce que tu fais des petites histoires qui ne sont pas poursuivies, car le moment d'écriture est passé et à jamais irrattrapable ? Qu'est-ce que tu peux faire de tous ces mots ?
Tu as bien tenté de les mettre les uns à la suite des autres, page après page, d'en faire un recueil un peu bizarre ; car aucun d'eux ne se ressemblent, ils n'ont pas le même thème, ils n'ont rien en commun sinon que d'être passés sous la délicatesse de tes doigts.
Ce qui est drôle c'est que quand tu les relis tu es fier de toi. Tu jètes un coup d'oeil à l'année d'écriture - car tu écris toujours la date avant de commencer à écrire, c'est une habitude que tu as prise au fil du temps - et tu te dis qu'à cette époque, tu savais de quoi tu parlais.
Tu te rends compte alors qu'écrire n'est qu'un rite de passage. Ce sont des idées qui baignent dans ton esprit et qui voudraient bien voir le jour. Alors elles enfilent une tenue sobre - souvent noire ou bleue marine -, et elles se tiennent droites pou être sûres d'être bien accueillies de l'autre côté. Puis elles se laissent guider de cellule nerveuse en cellule nerveuse, pour arriver à l'endroit le plus mystérieux du corps humain : la frontière entre le doigt et le stylo.
Là bas règne un soleil de plomb, un soleil de 40Watts en moyenne - parfois plus, parfois moins. C'est une frontière intimidante oui, avec des ombres effrayantes qui peuvent prendre n'importe quelle forme, droite ou courbée, nette ou floue... et qui ne laissent passer que les meilleures idées...
Il lui arrive de se tromper, et dans ce cas-là, une tempête se déclenche de l'autre côté du doigt : le stylo raye l'idée, il la bat à mort. Ce n'est pas joli à voir et encore moins à entendre. Le bruit d'un stylo qui raye une idée c'est comme un cri perçant dans une nuit noire et silencieuse. Une idée rayée est une idée qui fini par mourir adossée au mûr d'une feuille de papier. Et une feuille de papier avec une idée rayée fini souvent elle aussi d'une bien triste manière : froissée ou pire, déchirée en mille morceaux sous l'ombre noire d'une poubelle.
1 commentaire:
C'est on ne peut plus vrai, et c'est surtout on ne peut mieux écrit ! Jamais déçue avec toi. Quant à ma poubelle, heureusement qu'elle ne parle pas car elle en a vu passer, des feuilles froissées... Par contre je ne déchire plus. Je le faisais quand j'étais encore chez mes parents au cas où quelqu'un aurait eu la mauvaise idée d'être trop curieux, mais quand on y pense c'est un peu barbare comme geste en termes d'estime de soi. ;-)
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