La haine (essai)

Je te haïrais presque d'exister. Je te haïrais presque de te souvenir. D'avoir laissé une trace. De me souvenir. Je te haïrais même parce que tu existes. Je te haïrais surtout parce que tu existes...

Je t'exècre.

J'ai tout effacé de toi. Tout, jusqu'à la moindre odeur, la moindre particule, le moindre recoin ridicule de ton âme. Tout ça s'est envolé. Restent les souvenirs, mais eux... je ne peux pas les effacer. J'ai frotté plus fort que pour n'importe quelle autre femme. J'ai frotté plus longtemps aussi. Tu as laissé des traces rouges sur mon bras, sur ma bouche, sur mon sexe. Tu as laissé des bleus, des centaines de bleus sur mon âme tellement tu cognais sur moi avec ta fragilité de femme malsaine.

Je t'exècre, oui.

J'ai été jusqu'à rayer ton nom de ma mémoire. Jusqu'à vider mon sang de ton souvenir, à en même oublier ton ombre. Jusqu'à faire mourir des mots qui retrouvaient enfin tout leurs sens, les faire battre l'air. Jusqu'à ne plus m'oublier.

J'ai tout effacé de toi. Mais reste une amertume qui se ravive de temps en temps. Et pour n'importe quoi. Reste cette amertume que je ne contrôle pas. Et je culpabilise d'avoir à crier sur toi. D'avoir à te haïr alors que je ne pense plus à toi. D'avoir à te maudire comme ça.

Je t'exècre, oui. Tu n'es qu'un arrière-goût de femme qui ne compte plus pour moi.

© Photo by Daniaah (http://daniaah.deviantart.com/)