Encore une autre divagation...

"A quoi tu penses ?

- Absolument à rien.

- Je suppose qu'on a trouvé comment faire taire les voix dans ta tête."

C'est quoi cette manie de toujours demander ce que l'on pense après quelques heures passées au lit, à s'acharner l'un contre l'autre, à se faire crier mutuellement, ou à se faire plaisir -ça dépend de quel point de vue on se place. Pourquoi on se sent obligé de poser cette question ? Pourquoi on veut tout décortiquer, alors qu'on vient juste de passer quelques heures ou quelques minutes à ne penser à rien. Pourquoi on devrait penser après ? Pourquoi on ne pourrait pas laisser le vide s'installer un peu plus longtemps ?

Au lieu de ça l'autre nous envahit, nous analyse pour mieux nous connaître maladroitement. Alors qu'on ne demande qu'à être tranquille. Car oui, l'autre nous dérange, perturbe nos habitudes. Ce n'est pas tellement qu'on ait l'habitude de faire l'amour avec des inconnus, c'est juste qu'on a celle d'être seuls. On se pose nos propres questions, auxquelles on trouve nous-même les réponses. Et on n'écoute plus les autres. Alors entendre l'inconnu nous demander à quoi on pense... ça nous dérange.

Moi je n'arrive pas à faire taire ces voix dans ma tête. J'y suis habituée, elles sont mes compagnes de tous les jours. Vous aussi vous en avez, vous les écoutez aussi de temps en temps. Vous aussi y êtes habitués. Les miennes sont douces à entendre, même si elles sont parfois dures à comprendre.

Aujourd'hui une de ces voix m'a fait comprendre que personne ne changeait. Enfin que la plupart des personnes ne changeait pas. A vrai dire j'ai été assez effrayée par ce que pouvait penser certaines d'entre elles. Penser que l'affection, l'attention, le sexe... peuvent se faire sans engagement. Ce qui est absolument impossible ! Quand on en vient à donner un peu de soit et à réclamer un peu des autres, on s'engage soit-même et on engage l'autre. La vie est tout le temps faite d'engagements, sinon elle ne sert à rien. Sinon l'amitié même n'existerait pas. Le travail non plus. Et on ne peut pas vouloir les bons côtés sans en recevoir également les mauvais. Si on n'accepte pas ça, alors... je ne sais pas, on n'évolue pas ?!

Donc voilà mon constat d'aujourd'hui : Au fond les gens ne changent pas, et c'est peut-être ça le plus triste. Ils pompent à longueur de journée : de l'attention, de l'affection, du sexe. De l'énergie surtout. Les gens ne changent pas où alors ils deviennent plus pathétiques. Oui, c'est la seule issue possible pour eux. Ou bien alors est-ce la seule façon qu'ils aient trouvé pour s'écarter du monde ?