Tu écris pendant des années et des années, et tu te retrouves comme une conne un soir devant une feuille blanche, sans la moindre idée des mots que tu vas glisser dessus. D'ailleurs les mots n'ont jamais glissé, ni sur une feuille de papier, ni sur ta bouche ou celle d'une autre. Ils n'ont fait que t'effleurer, et puis ils sont partis. Quelques fois, quelques fois seulement, tu les retrouves pour quelques heures de nostalgie, et tu les manies avec autant de dextérité qu'avant. Parce qu'il fût un temps où tu savais écrire même si tu n'avais pas de talent.
Ce n'est pas l'angoisse, c'est l'insatisfaction qui traverse le vide. Ton vide. Tu n'as plus les mots, tu ne sais plus écrire comme avant, tu te tortures l'esprit au lieu de te laisser aller à l'émotion. Tu ne te laisses pas submerger, tu t'effondres.
Ce n'est pas de l'angoisse que tu éprouves mais de la honte. Tes mains de chaque côté de la tête te disent qu'elles ne savent plus quoi faire pour t'aider. Le stylo sur la feuille blanche ne veut pas les rejoindre et encore moins griffonner quelque chose. Même pas un mot, même pas une lettre. Rien. Le vide.
Tu ne peux pas réfléchir, pas comme ça, alors que le brouillard a envahi ce qui te restait d'espoir. Tu as l'impression de te cogner contre des parois inconnues. Tu as mal aux épaules, ta gorge devient sèche, ta langue rugueuse. Tu trembles un peu. Une goutte de sueur tombe sur ta joue, ou bien est-ce une larme... Tu ne sais pas. Tu ne sais plus rien.
Tu te crois perdue, totalement perdue dans un monde que tu ne connais pas.
Et pourtant, dans ce chaos tu as appris une chose merveilleuse : l'écriture ne se commande pas.
Tu as connu ta première panne d'inspiration, et tu as tout remis en question. Tu as souffert sans pouvoir faire glisser les mots hors de ta bouche, ou de tes mains.
2 commentaires:
"L'écriture ne se commande pas" : c'est tout à fait vrai. J'avais l'habitude d'écrire régulièrement... jusqu'à l'année dernière. Que dalle de productif depuis presque un an sans que j'arrive à vraiment en déterminer la cause !
Mais bon pour toi, malgré ton manque d'inspiration (quoi que ça reste à prouver), tu as tout le loisir de te rabattre sur d'autres de tes talents ! :-)
Il est 3h du matin et je suis toujours sur ton blog à lire tes mots, page après page.
Je réagis sur cet article,probablement parce qu'il me parle un peu plus que les autres. Parce qu'en ce moment je suis en pleine panne d'inspiration, incapable d'écrire depuis des mois le moindre article sur mon blog, et puis ce roman que je repousse sans arrêt à "demain"...
Bref, sans non plus trop m'étaler, merci pour tes mots qui résonnent en moi. Tout comme ta Compo #4 que je dois bien écouter pour la 60ème fois de la soirée.
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