Avant de vous balancer mon texte (écrit hier soir), je voulais faire un lien vers l'article d'Emilie, posté aujourd'hui. Et très bien écrit comme toujours : ICI
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L'enclume
Elle, elle ne dit rien. Ses mains sont moites, je le sais, même si je ne les ai pas touchées. Ca se sent ce genre de choses, ça se sent comme la peur. Elle a les mains moites de peur, c’est ça que je sens. Mais il y a quelque chose qui me gêne chez elle aujourd’hui, quelque chose d’inhabituel dans son regard. Quelque chose de perdu, de vide. Alors je pose mon regard sur ses mains, elles sont serrées l’une contre l’autre. Fort, très fort. Trop fort. Soudées comme si elles détenaient une vérité qu’il ne fallait pas laisser sortir. Quelque chose d’inavouable, de honteux. D'injustifiable même. Sûrement. Quelque chose d’assez important pour qu’elles ne se séparent pas, pour qu’elles ne puissent pas se séparer.
Elle ne dit rien. Dans son silence il y a un secret aussi lourd qu’une enclume. Aussi noir qu’une enclume. Peut-être même plus. Et moi j’entends un tambour qui me fracasse la poitrine. Voilà que j’ai peur. Et que le tic-tac de l’horloge me donne envie de vomir, alors qu’elle ne s’arrête plus de pleurer. Et toujours en silence. Ce lourd silence après ces trois mots “je suis désolée”.
Il n’y a rien à dire après ça.
Il n’y a rien à dire. Je voudrais pouvoir faire quelque chose, la prendre dans mes bras, lui dire que tout ira bien, que tout s’arrangera. Mais il n’y a rien à dire. Aucun mot pour apaiser, aucun mot pour justifier. Surtout pas justifier. Elle a raison de pleurer, c’est sûrement la seule chose qui lui fasse se sentir vivante maintenant.
Elle ne dit rien. Elle est pâle c’est tout. Elle pleure et elle pâlit à vue d’oeil sur son lit d’hôpital. Le drap de la couverture ne couvre pas tout, et surtout pas l’essentiel. Elle ne sera plus jamais la même. Elle ne sera plus capable de sourire avant longtemps. Car elle n’est plus capable de vivre depuis hier.
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La semaine dernière, c'était la semaine de sensibilisation contre la violence faite aux femmes, et contre le viol : http://www.contreleviol.fr/
1 commentaire:
Je prends enfin le temps de lire ton texte que je trouve magnifique. J'aime assez ce concept de texte court autour d'un thème particulier. Je pense que c'est même plus percutant qu'un roman ou un article de presse ! Je me suis vraiment rendue compte du "phénomène" des violences faites aux femmes en allant faire ma déposition au commissariat hier suite au cambriolage de mon appartement. Il y avait un peu de monde qui attendait, et notamment plusieurs femmes qui venaient porter plainte pour violences domestiques contre leurs compagnons. L'aperçu que j'ai eu était sur une vingtaine de minutes, mais sur une journée/semaine/année, je n'ose imaginer le nombre de femmes victimes de violences en général ! Et encore, celles qui ne viennent jamais faire de dénonciation doivent être encore plus nombreuses. En tout cas, ça m'a fait froid dans le dos et ton texte - même s'il s'inscrit dans un contexte un peu plus éloigné que ce que j'ai pu voir hier (quoique...) a une certaine résonance pour moi.
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