je vais bien, merci.
J'ai laissé passer deux jours avant d'écrire ce billet, et aujourd'hui je ne tiens plus.
J'ai laissé passer deux jours avant d'écrire ce billet, et aujourd'hui je ne tiens plus.
Cher papa, le fait que l'on ne parle jamais d'homosexualité, que tu me demandes timidement une fois par an si j'ai une copine ne me dérange plus depuis longtemps. Après tout, ce ne sont pas tes affaires. J'ai aussi fini par m'habituer à ces silences désagréables, et c'est même presque devenu un plaisir que de ne plus te parler comme avant.
Cher papa, je sais que tu regardes religieusement les informations, tu n'as donc pas pu passer à côté de la Manif' pour tous et du cortège de Civitas.
Cher papa, tu n'hésites pas à afficher ton mécontentement quand je ne te souhaite pas la bonne année le 1er alors que je te vois le 2, mais lorsque ta fille se fait diaboliser par plus de 600 000 français, tu ne dis rien. Tu choisis bien tes batailles...
Cher papa, aujourd'hui ton silence est insoutenable.
Tu es un parent, tu as une fille lesbienne qui non seulement se voit refuser des droits que tu possèdes déjà, mais qui est massivement et publiquement remise à la place qu'elle a depuis trop longtemps : cet être inférieur aux hétérosexuel-le-s.
Cher papa, tu n'as pas l'air de comprendre l'importance de ce combat pour l'égalité et l'impact qu'une telle loi peut avoir sur ma vie.
Cher papa, je dis que tu n'as pas l'air de comprendre car si c'était le cas, la moindre des choses aurait été que tu prennes de mes nouvelles. Je suis certaine que tu ne te doutes pas un seul instant de tout ce que l'on dit sur les gens comme moi depuis plusieurs semaines. Ou bien tu te persuades sûrement que je suis une jeune femme forte et que cela ne m'atteint pas.
Cher papa, je dis que tu n'as pas l'air de comprendre car si c'était le cas, la moindre des choses aurait été que tu prennes de mes nouvelles. Je suis certaine que tu ne te doutes pas un seul instant de tout ce que l'on dit sur les gens comme moi depuis plusieurs semaines. Ou bien tu te persuades sûrement que je suis une jeune femme forte et que cela ne m'atteint pas.
Cher papa, je constate chaque jour avec regret que tu ne me connais pas.
Cher papa, je ne vais pas bien, merci.
Je voulais juste te dire que tu es un bon père, mais pas un bon papa.
Je voulais juste te dire que tu es un bon père, mais pas un bon papa.
2 commentaires:
Dans un contexte différent, j'ai bac +33 en relations parentales agitées. Mais plus je prends de l'âge, plus j'ai le sentiment que ce qui rend les choses compliquées, ce n'est pas tant l'étroitesse d'esprit ou l'indifférence ou encore le manque d'affection qu'une impossibilité chronique à communiquer et à laisser sortir les sentiments les plus basiques et les plus essentiels qui soient. C'est ultra con, ça fait souffrir tout le monde et c'est malheureusement souvent lorsqu'un événement dramatique se produit que les "handicapés du sentiment" se rendent compte de ce qu'ils ont fait subir aux autres, de ce qu'ils ont loupé et du bien qu'ils se sont également refusés à eux-mêmes. Comme je te le disais ailleurs, l'éloignement géographique sera peut-être le déclencheur d'une prise de conscience et une source d'apaisement. Ca ne résoudra pas forcément les vrais problèmes de fond de manière immédiate mais ça fera peut-être réfléchir ton entourage. L'absence et le manque ont quelques vertus bienfaitrices, et je souhaite qu'elles s'appliquent à ta situation. Aller de l'avant sans attendre l'approbation et le soutien des personnes censées être les plus proches de nous est un cap qui est loin d'être facile à franchir. Je ne suis pas sûre de l'avoir totalement franchi moi-même mais je suis de plus en plus convaincue qu'on a beau ne pas choisir sa famille, on peut aussi la construire ou la reconstruire sans pour cela la détruire. C'est souvent un processus long et douloureux, le temps n'est malheureusement pas toujours un ami parce qu'on ne sait jamais de quoi demain sera fait et qu'il faut aussi faire face à l'imprévu, mais c'est en choisissant de faire ce qui est bon et positif pour toi que tu démontreras que ceux qui ont le plus à pâtir du silence sont ceux qui ont perdu leur temps à ne pas vouloir connaître et comprendre la personne que tu es.
Oui je suis persuadée que le manque de communication rend les choses plus compliquée, mais je suis têtue aussi ^^. Je suis arrivée à un point où j'en ai marre de devoir dire les choses et où j'en ai marre de supporter l'absence. J'ai beau me dire que j'ai pas besoin de sa présence, ça me saoule qu'il ne se préoccupe pas d'autre chose que de me donner des conseils en matière de paperasse ou même de m'aider dans mon déménagement. Un papa c'est aussi autre chose, non ?
Et puis, moi aussi j'ai le droit d'avoir des attentes en ce qui le concerne, et d'être déçue par son comportement. Ce n'est pas réservé qu'aux parents ^^
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